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FG1bis

Numéro 1 de la revue Food Geography – Terroirs et appellations d’origine en France et dans le monde
(coordination : Caroline Le Goffic et Vincent Marcilhac)

10 décembre :  

Ce premier numéro de Food Geography tente d’explorer les relations complexes entre la notion géographique de terroir et sa reconnaissance juridique.

Terroirs et appellations d'origine en France et dans le monde

L’intégralité du premier numéro de la revue Food Geography (coordonné par Caroline Le Goffic et Vincent Marcilhac) est disponible içi:
Food-Geography-n°-1-Novembre-2011

SOMMAIRE DU NUMERO  - Terroirs et appellations d’origine en France et dans le monde

La culture du cresson en Essonne : valorisation d’un produit, reconnaissance d’un terroir ?
Laurène Matern, Camille Millot, Vincent Moriniaux, et Martine Tabeaud

De la reconnaissance du terroir à la mise en place de l’indication géographique protégée. Réalités et difficultés pour l’huile d’olive jordanienne des High lands.
Ismaël Vacheron

Indications géographiques et produits « de terroir » en Turquie : pour une lecture géohistorique de la qualité alimentaire.
Pierre Raffard

L’usurpation de l’appellation est-elle toujours négative pour les producteurs ? L’exemple du Chablis dans son histoire.
Yoshinori Ichikawa

Looking for usages locaux, loyaux and constants: The problem of the Wescountry Farmhouse Cheddar protected denomination of origin (PDO) in the United Kingdom.
Erica A. Farmer

INTRODUCTION

Ce premier numéro de Food Geography tente d’explorer les relations complexes entre la notion géographique de terroir et sa reconnaissance juridique. La France a été pionnière dans ce domaine en inventant l’appellation d’origine, définie par le Code de la consommation comme « la dénomination d’un pays, d’une région ou d’une localité servant à désigner un produit qui en est originaire et dont la qualité ou les caractères sont dus au milieu géographique, comprenant des facteurs naturels et des facteurs humains ». L’adoption de l’appellation à l’échelle de l’Union européenne montre l’influence de la conception française du terroir. La globalisation juridique de l’appellation d’origine, à l’image de l’appellation of origin aux Etats-Unis, témoigne du besoin de  reconnaissance de la diversité géographique à l’ère de la mondialisation. Pourtant, dans certains pays, on reste réticent à son adoption et l’on préfère opter pour des indications géographiques plus larges, ou privilégier le système des marques.

Quels sont les enjeux et les obstacles liés à une démarche de certification ? Les trois premières contributions, portant sur des exemples français, jordanien et turc, permettent d’apporter des éléments de réponse à cette question.

Le cas de la culture traditionnelle du cresson en Essonne permet de mettre en évidence les enjeux patrimoniaux de la protection d’une production aujourd’hui menacée. La reconnaissance de sa typicité serait un atout pour valoriser cette culture méconnue du grand public.

L’exemple de l’huile d’olive jordanienne des High lands montre les obstacles dans la mise en place des indications géographiques protégées dans un pays extra-européen. La culture de l’olivier en Jordanie connaît depuis plusieurs décennies un développement important, le Royaume hachémite étant devenu le 10e producteur mondial d’huile d’olive. Les projets d’indications géographiques protégées s’inscrivent dans une démarche de certification dont l’objet est la reconnaissance sur le marché international de l’huile d’olive jordanienne, afin de relever le défi d’une exportation de qualité vers les pays de consommation, notamment européens.

Le système turc d’indications géographiques, copié sur le modèle européen, a été mis en place en 1995. Malgré des lacunes liées à l’absence d’organisme de contrôle, ce système a favorisé la promotion des productions agroalimentaires de qualité, dont le développement est lié à l’histoire économique et sociale.

Malgré la protection dont elles font l’objet, les indications géographiques sont confrontées à des menaces multiples, dont les deux dernières contributions rendent compte.

L’exemple du vin de Chablis montre les dérives, mais aussi les répercussions paradoxalement positives, de l’usurpation de l’appellation d’origine contrôlée d’un vin ayant acquis une notoriété internationale : les « faux » chablis sont apparus à l’étranger dès la fin du XIXe siècle et se sont multipliés avec l’essor de la demande face à une production de vin de Chablis insuffisante pour y répondre. Les vins génériques appelés « chablis » permettent de faire connaître la dénomination sur de
nouveaux marchés, avant d’être dénoncés par les producteurs chablisiens et remplacés par du « vrai » chablis quand ces marchés deviennent intéressants.

Le cas de l’appellation d’origine protégée du Westcountry Farmhouse Cheddar au Royaume-Uni montre les risques de banalisation entraînés par le succès mondial d’un fromage dont le nom, « cheddar », est considéré comme générique dans beaucoup de pays en raison d’un système de protection moins fort que dans la règlementation française.